En pleine guerre russo-turque (1768-1774), la flotte de la Grande Catherine, inférieure en nombre de vaisseaux et confiée aux frères Orlov, annihile en deux jours les quelques quarante navires ottomans sous le commandement de Hassamudin, le Kapoutan Pacha. C’est la plus grande défaite navale turque après celle de Lépante deux siècles plus tôt. Elle met fin aux visées expansionnistes des Turcs et affirme la maîtrise de la marine russe sur la Mer Egée.

Jean-Yves Delitte, auteur de BD, peintre belge de Marine, directeur de la série ‘Les Grandes Batailles Navales’, co-auteur avec Jean-Benoît Héron de la série ‘A bord’ et un temps collaborateur dans un bureau d’études dans le domaine de l’architecture et du design est passé maître dans la représentation graphique des navires de tout type, avec un rendu saisissant et beaucoup d’exactitude dans les détails.

Il s’empare du récit de la bataille navale entre l’île de Chios et la ville turque Chema (ou Tchesmé) sur la côte turque, pour nous faire vivre le combat naval à travers le personnage d’un jeune lieutenant d’infanterie, Alexis Ivanovitch Gortchakkor, muté sur le vaisseau de ligne Netron Ménia. Ce ‘piéton’ est guidé à bord par un certain Piotr, marin râleur et à la tête près du bonnet.

L’auteur, à l’aide de graphiques explicites de belle facture rend compte des rudes conditions de vie à bord, des préparatifs dans la mâture, des entrainements au tir au canon, le tout sur fond de querelles entre les hommes dont les deux protagonistes feront les frais à des degrés différents.

Puis vient la bataille, prétexte à des doubles pages spectaculaires. Les navires sont saisis dans leurs évolutions, le mouvement est total, les vergues se brisent, le feu ravage les soutes, les canons tonnent, des hommes sont précipités à la mer……le chaos.

Jean-Yves Delitte n’est jamais aussi bon que lorsqu’il dessine les navires du Grand-Siècle par la poupe, flanquée de ses demi-bouteilles ouvragées, sortes de tourelles posées sur leur cul-de-lampe qui ornent l’arcasse, elle-même percée de fenêtres, privilèges des logements officiers. La proue n’est pas en reste avec ses ancres suspendues et son mât de beaupré menaçant.

La BD est suivie d’un petit dossier historique dont nous gratifie Jean-Yves Delitte, qui décrit la Bataille de Tchesmé et la replace dans le ‘jeu de dominos’ de l’époque.

CF(H) Alain M. BRIERE
13/01/2025

Tchesmé
Jean-Yves Delitte – Couleurs : Douchka Delitte
Editions Glénat – Musée national de la Marine

Voir également la recension du LV(H) Dominique RENIE