La notion d’Indo-Pacifique est un concept récent (une dizaine d’années) qui vise à définir le basculement des intérêts géopolitiques de plusieurs puissances, au premier rang desquelles les États-Unis, en direction de l’Asie du Sud-Est et de la Chine. Les limites géographiques du concept sont assez larges et floues, car l’on peut aller de l’Afrique orientale jusqu’aux États-Unis !  Ce concept fait également éclater le zonage traditionnel de cet espace.

 La zone est dominée par la volonté expansionniste de la Chine et la volonté des États-Unis de la contrer. Cependant, d’autres grandes puissances locales jouent un rôle très important comme l’Australie, l’Inde ou le Japon. D’autres puissances peuvent y jouer un rôle de moindre importance. La France reste une exception parmi ces autres puissances à cause de sa présence territoriale. Les auteurs y consacrent un chapitre particulier.

Tout d’abord, l’Indo-Pacifique est un espace de commerce depuis l’Antiquité. Il faut rappeler que 30 % du commerce maritime mondial passe par cette zone. Des détroits importants y figurent comme celui d’Ormuz, de Taiwan, de Luçon ou de Malacca. Dans ce dernier comme ailleurs dans la zone, la piraterie endémique peut menacer ce commerce.

De nombreux états ont défini une doctrine pour l’Indo-Pacifique, le Japon ayant été le premier. Par sa doctrine de la route de la Soie, l’annexion et l’artificialisation de nombreux îlots, la Chine se conduit comme une nation ne faisant plus grand cas du droit international. Elle livre une véritable bataille d’influence pour obtenir des alliances souvent inégales. Cela entraîne des tensions avec les pays voisins pouvant un jour déclencher des conflits armés. Face à cela, des alliances nouvelles se créent, entraînant un réarmement naval important.

Et la France dans tout cela ? N’oublions pas que la France est la deuxième nation maritime mondiale avec des ZEE importantes dans cette région. Cependant, militairement, la France pèse peu à cause des faibles forces présentes sur zone même si elle tend à renforcer ses moyens permanents ou temporaires. Elle se veut une puissance d’équilibre en proposant une alternative aux états qui ne voudraient pas s’aligner sur une des deux superpuissances. Elle avait basé sa stratégie sur un axe France-Australie-Inde, mais l’Australie a préféré les États-Unis et la Grande-Bretagne. Il faudra donc redéfinir une nouvelle position en coopération avec l’Inde qui est un partenaire fiable. Face à la Chine, la France réaffirme périodiquement la liberté de circulation dans le détroit de Taiwan en y envoyant des navires de guerre. Cependant, cette politique de puissance doit être suppléée par une politique de coopérations de voisinage plus efficiente pour faire accepter la France dans la zone.  

Cet ouvrage fait une synthèse bienvenue sur la question de l’Indo-Pacifique qui va connaître dans l’avenir proche une importance cruciale avec le basculement du centre de gravité mondial de l’Atlantique vers le Pacifique.                           

CC(R) Lionel DUHAULT
15/09/2024

L’Indo-Pacifique. Nouveau centre du monde
Valérie Niquet et Marianne Péron-Doise
Tallandier