Nous connaissons tous le « Radeau de La Méduse », célèbre tableau de Géricault. Nous avons une vague idée de l’histoire de ce naufrage mais les détails nous échappent. Ils avaient cependant, à l’époque, défrayé la chronique. L’incurie du commandant avait été largement reconnue et le conseil de guerre l’avait sévèrement condamnée. Deux rescapés du radeau avaient rédigé un livre relatant le naufrage et les quinze jours de dérive du radeau sous un soleil de plomb. Ce livre avait connu un joli succès de librairie, lié entre autres aux aveux d’anthropophagie « de survie ».

Or Joseph Jean Baptiste Griffon du Bellay, lui aussi rescapé du radeau, a soigneusement annoté le récit des deux autres rescapés. Le livre annoté est ensuite transmis de père en fils aîné jusqu’à la fin du vingtième siècle. Ce secret de famille, par un phénomène de chronogénéalogie d’une rare violence, finit par provoquer de terribles crises d’angoisse chez Clarisse, l’une des arrières-arrières-petites-filles du rescapé, alors que celle-ci ignore le détail des annotations.

Clarisse Griffon du Bellay nous relate dans Ressacs les étapes de sa prise en compte des répercussions de la vie de son aïeul sur son propre destin. Son choix artistique, la sculpture en taille directe de bois, jouera un rôle primordial. Mais l’écriture de Ressacs s’avère finalement indispensable pour se dégager du tabou familial.

Cet ouvrage d’une sincérité bouleversante laisse chez le lecteur une marque profonde.

LV(H) Dominique RENIE
16/05/2024

RESSACS
Clarisse GRIFFON du BELLAY
Maurice Nadeau