L’auteur de ce roman est le très prolifique écrivain et lauréat de nombreux prix littéraires, Gérard de Cortanze issu d’une noble famille piémontaise, qui a souvent écrit sur des princes européens.

Le présent livre est un manifeste pour réhabiliter Louis XVI, en prenant son voyage à Cherbourg en juin 1786 comme prétexte, afin de souligner son érudition, sa passion pour les sciences, la géographie et les aventures maritimes, sans qu’il ait déjà vu la mer.

Ce voyage en Normandie permet de brosser le portrait d’un jeune roi qui échappe momentanément aux intrigues de la Cour à Versailles et qui découvre son peuple et sa popularité auprès de lui. Louis est décrit comme un homme simple et naturellement bon, préférant des relations directes avec des marins et des paysans aux banquets institutionnels et aux jeux des courtisans, qui contrarient son désir d’améliorer la vie de ses sujets en s’accrochant à leurs privilèges.

Le caractère indécis du roi limite ses capacités de réforme et son autorité, de sorte que ce voyage reste une parenthèse idéalisant ce bon roi. Ce livre est artificiellement parsemé de rêves prémonitoires et de rencontres avec une sorcière normande, annonçant les dernières années du règne, et se termine par le récit de la mort magnifiée de Louis.

Ce plaidoyer en faveur de Louis XVI ne constitue nullement un roman maritime. Il relate cependant assez bien les quelques moments heureux passés par le roi en bord de mer, sur le port et sur des bâtiments militaires. Il décrit quelques manœuvres, mais en revanche, le but affiché du voyage était l’immersion du neuvième cône conçus pour la construction de la digue extérieure de la rade de Cherbourg; or cet exercice n’est que sommairement résumé et l’échec de cette solution brièvement indiquée, sans que le nom de son inventeur, l’ingénieur de Cessart, ne soit cité.

Le lecteur appréciera cette approche intimiste du roi, ainsi que le style familier et simple de l’auteur.

CF(H) Philippe BEAUCHESNE
26/11/2021

Le roi qui voulait voir la mer
Gérard de Cortanze
Editions Albin Michel