La présente recension s’adresse uniquement à ceux qui, comme c’était encore tout récemment mon cas personnel, n’ont jamais lu aucune aventure de Gilles Belmonte, en dépit des flatteuses recensions de ces dernières années et de la brillante réputation de l’auteur, Fabien Clauw. Tous ceux qui sont déjà des lecteurs assidus des voyages et des combats de Gilles Belmonte peuvent se référer aux autres recensions de Trafalgar la sanglante, bien plus pertinentes que celle-ci.

Et ce petit laïus ne concerne pas non plus les spécialistes de l’histoire navale, qui connaissent sur le bout des doigts toutes les campagnes maritimes menées sous le règne de Napoléon et qui ont une idée bien précise des évènements ayant provoqué la défaite de l’amiral Sylvestre de Villeneuve.

Ces deux préalables essentiels établis, on ne peut que recommander avec insistance au petit reste des lecteurs non spécialistes d’histoire navale et n’ayant jamais rien lu de Fabien Clauw de se lancer dans la lecture de Trafalgar la sanglante. Ils ne seront pas déçus.

La description par le menu de la tactique navale de l’empereur est d’une limpidité digne d’éloge. Tout entier tourné vers l’invasion de l’Angleterre et le nécessaire anéantissement de la flotte britannique avant l’opération de débarquement des troupes, l’empereur conçoit une stratégie qui aurait fait merveille à l’heure des communications par satellite. Hélas, l’information circule moins vite à l’époque et les décisions prises avec du retard ne sont parfois pas toujours opportunes. Le processus ayant conduit Villeneuve à s’enfermer à Cadix est présenté de la manière la plus claire et la plus objective, la responsabilité de l’empereur n’étant pas occultée.

Les acteurs du drame, personnages historiques comme personnages du roman, sont de vrais êtres de chair et de sang, en proie aux passions et au doute, remplis du sens du devoir et pleins d’humanité. Trafalgar la sanglante est une remarquable manifestation du roman réaliste. Et les rares allusions aux aventures précédentes de Gilles Belmonte et de ses amis se laissent facilement deviner et ne brisent pas le rythme du récit. Saluons enfin tout l’art du romancier qui réussit à faire survivre son héros à la sanglante bataille, ce qui nous permettra de fructueuses découvertes de l’histoire navale française dans les prochains opus.

Derniers points à noter :

Qui se suicide de six coups de couteau dans le cœur ? se demande Belmonte, rappelant ainsi le doute légitime qui entoure les causes du décès de Villeneuve 

Vers la fin du dernier chapitre, Gilles Belmonte – qui sort du bureau du ministre qui ne lui a guère fait impression – s’interroge sur la somme des « si » qui aurait pu faire basculer leur entreprise du bon côté. Ces quelques lignes laissent à méditer.

LV(H) Dominique RENIE
12/08/2021

Trafalgar la sanglante
Fabien Clauw
Editions Paulsen

Voir également la recension du CF(H) Jean-Marie CHOFFEL et du CC(R) Lionel DUHAULT