Texte et illustrations de ce « beau livre » rivalisent pour nous faire rêver. Véritable invitation au voyage, ils nous transportent à travers le temps et l’espace, entre terre et mer.
Un texte historique sans faille d’un historien chevronné, illustré aux couleurs d’une Venise inconnue, fidèlement capturées par l’oeil expert du photographe. La Serenissima fut le trait d’union entre l’Orient et l’Occident.

A la charnière de deux mondes, musulman et chrétien, asiatique et européen, Venise a assis les amers de sa thalassocratie en occupant de nombreux points du littoral dalmate, autant de comptoirs, d’escales et de refuges qui s’égrènent pour sa flotte de commerce et de combat. A tel point que l’Adriatique finit par devenir « son » golfe et (faisant sien, sans doute, l’antique adage romain) « sa » Mer.C’est au voyage d’exploration de cette « mer Vénitienne », empire en pointillé, que nousinvitent les auteurs. Délaissant la Vénétie terrienne, le cap est mis sur les traces, nombreuses et peu discrètes, de celle qu’on nomme désormais la Dominante : forteresses gardant jalousement l’accès de criques parsemées d’écueils, balcons de brique et de verdure surplombant une mer turquoise, villes ou villages groupés autour de leur place aux fenêtres quasi-orientales. Sur leur architecture sertie dans l’écrin de paysages saisissants de beauté, nous nous plaisons à décrypter l’empreinte pérenne de cette thalassocratie marchande si originale.

Les lions de Saint Marc gravés ici ou là dans la pierre, comme figés dans leur force tranquille, semblent cependant continuer à veiller sur elle, telles des sentinelles intemporelles toujours prêtes à sortir leurs griffes. Est-ce pour délivrer ce message que les sculpteurs d’autrefois avaient marié le texte à l’image : « PAX TIBI, MARCE, EVANGELISTA MEVS »… ? Ce n’est pas en tout cas le moindre mérite des auteurs de ce livre que d’avoir su associer à leur tour texte et image comme une fenêtre ouverte sur la Légende Dorée de la Sérénissime.