Ce livre a reçu le Prix Marine Bravo Zulu 2020 dans la catégorie « Bandes-dessinées ».

Japon, fin des années 60. Une jeune tokyoïte arrive à Hegura, petite île de pêcheurs où vivent les « Ama », ces « femmes de la mer » qui plongent en apnée et quasi-nues pour pêcher des ormeaux. Elle est y est accueillie par sa tante, Isoé, qui est aussi la responsable de cette communauté matriarcale de bord de mer. Entre Nagisa, jeune citadine pudique et sa parente, rude et nature, c’est autant un choc culturel qu’une adaptation intime. Car au-delà des différences de modes de vie (la vie moderne face à la tradition), si l’une fuit son passé, l’autre cache une vieille blessure familiale.

Le dessin de Cécile Becq, à l’encre de Chine rehaussé de teintes bleues, ne manque pas de charme, dans la lignée d’une couverture d’une belle élégance. On pourra certes regretter, parfois, une certaine raideur des personnages, l’ensemble n’en est pas moins séduisant et d’une grande délicatesse.

Le scénario de Franck Mangin, qui porte quant lui sur un sujet encore largement méconnu – la société matriarcale des Amas -, est assez fin pour laisser un sentiment de plénitude et de douceur. Quelques facilités dans les dialogues – sans doute plus occidentaux que nippons – n’affaiblissent pas le sentiment d’une histoire réussie.

On appréciera cette bande dessinée, originale et globalement maîtrisée, qui mène le lecteur au cœur d’une société traditionnelle de femmes de mer, entre poésie et dépaysement. Et qui qui sait poser la question de la difficulté à accepter ses racines pour se retrouver soi-même, trouver son propre équilibre et sa place.

Une œuvre à découvrir, ravissante, qui trouvera facilement sa place dans la bibliothèque d’un carré.

CC(R) Jean-Pascal DANNAUD
19/08/2020

Franck Manguin et Cécile Becq
Ama, le souffle des femmes
Edition Sarbacane – 1 er semestre 2020