73° NORD

Décidément, les Pôles font recette en cette année littéraire. Béring, Bellot, Jean Louis Etienne, sans compter le succès des croisières polaires de Ponant et d’Hurtigruten et maintenant le livre 73° Nord de Frédéric Thiriez qui, plus connu dans le milieu du football, de la montagne et des énarques que dans le monde maritime, s’essaie à un roman sur fond du maintenant célèbre passage du Nord-Ouest qui dit-on, ferait/fera gagner des milles (nautiques) et des cent aux armateurs du futur.

L’histoire commence au printemps 2030. Un pétrolier chargé de crude d’Alaska s’engage dans le passage du Nord-Ouest pour rejoindre un port de la côte Est des Etats-Unis. Là commence un redoutable enchaînement d’évènements qu’Edward Lorenz qualifierait à juste titre d’effet papillon. Un Pacha têtu, un Second ambitieux, une voile spi qui n’aurait jamais dû être utilisée dans ce dédale de chenaux plus ou moins encombrés par les glaces, du mauvais temps en approche et au bout du compte, le John Franklin (appréciez le clin d’œil), qui s’échoue et répand une catastrophique marée noire dans toute la région.

Dans le même temps, la France, prend la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations unies et sa jeune présidente va multiplier les initiatives pour éviter un conflit mondial car, à cause de la situation dans le Golfe d’Amundsen, s’opposent les tenants de la liberté des mers à ceux qui veulent la limiter. Le tout agrémenté d’attaques de sous-marins nucléaires qui comme il se doit, maraudent dans les parages subaquatiques du Pôle Nord sans oublier les désirs d’émancipation des Inuits.

L’histoire prend alors un ton plus politique, l’auteur connaissant bien les arcanes du pouvoir. Il est par ailleurs resté très attaché aux enseignements de son mentor Michel Rocard et notamment à ses recommandations pour un statut du Pôle Nord proche de celui de l’Antarctique.

Ce n’est pas tout à fait un roman à clefs mais presque. On assiste aux réunions de crise, aux rivalités d’usage, à l’impuissance de l’ONU et in fine au triomphe des initiatives françaises. Fermez le ban !

C’est plaisant à lire en ces temps de canicule…

Il n’en reste pas moins que tandis que les Russes se sont appropriés du passage du Nord-Est et auront 13 brise-glaces dont 9 nucléaires à l’horizon 2025, celui du Nord-Ouest revendiqué par le Canada, fait encore l’objet de graves rivalités entre riverains, source évidente de conflits comme celui dénoncé par Frédéric Thiriez et d’impuissance à éviter les fortunes de mer plus ou moins polluantes au pays des orques et des ours blancs.

Pour mémoire, les passages du Nord font gagner entre 5 à 7000 kilomètres sur une traversée Rotterdam-Tokyo par le canal de Suez, soit environ 9-10 jours.

73° Nord c’est aussi le nom d’un ballet moderne sur l’univers social de l’oie des neiges et son ouverture au monde. Glaçant !

CF(H) Alain M. BRIERE
15/08/2020

73° NORD
Frédéric Thiriez
Editions Cent Mille Milliards

Voir également la recension du LV(H) Dominique RENIE

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