Tromelin et Suffren. Un conflit entre marins

Natif de Morlaix, Bernard Marie de Tromelin entre aux gardes de la marine de Brest à 15 ans en 1750. En 1768, il est chargé d’importants travaux au Port-Louis à l’Île de France, aujourd’hui Île Maurice. Le chenal était alors comblé par les vases et encombré de carcasses de navires. En 1778 la guerre d’indépendance d’Amérique est déclarée, Tromelin prend successivement le commandement de la frégate La Consolante, puis des vaisseaux le Brillant et l’Annibal, tout en conservant l’inspection générale des travaux de curage de Port-Louis. En février 1782, Suffren prend le commandement de l’escadre de l’Inde, la mésentente entre les 2 hommes est immédiate. En septembre, à l’issu de la campagne, Tromelin demande à rentrer en Europe et à son arrivée en France il apprend qu’il est radié des listes de la Marine.

Tous ces faits sont décrits en détail dans le mémoire apologétique que Tromelin fit imprimer pour sa défense en 1790 et que les auteurs, qui ont pris son parti, reproduisent et commentent dans leur ouvrage.    C’est un marin aguerri et aucune faute professionnelle ne semble devoir lui être imputée. Le problème n’est pas là, ce qu’on lui reproche c’est de ne pas avoir adhéré à l’entreprise de Suffren contre les anglais et fait équipe avec lui. De ne pas avoir compris que ces combats, même si les manÅ“uvres de Suffren n’étaient pas conformes aux règles établies, révélaient la puissance retrouvée de la France et restauraient son image.

Les faits seuls ne permettent pas de juger le conflit entre les deux hommes, si l’on ne tient pas compte de leur psychologie respective. Et c’est ce qui manque dans cet ouvrage. 

Le caractère de Suffren, est traité en quelques lignes empruntées au Mémorial de Sainte Hélène de Las Casas : « Monsieur de Suffren était un homme avec qui on ne pouvait pas vivre Â», « Monsieur de Suffren avait du génie, de la création, de l’ardeur, une forte ambition, un caractère de fer Â». « Très dur, très bizarre, extrêmement égoïste, mauvais coucheur, mauvais camarade, n’était aimé de personne, mais était apprécié, admiré de tous Â». Le diagnostic de deux médecins se résume à ces mots : « instabilité nerveuse pathologique Â».

Quant à Tromelin, à part les éloges reçues dans des lettres et qu’il cite complaisamment dans son mémoire, rien, sinon qu’il avait été formé à la vielle école de la marine et ne comprenait sans doute pas les choix tactiques de Suffren. 

Et le nom de Tromelin donné à un îlot de l’océan Indien ? Trois frères Tromelin servaient dans la Marine et c’est Jacques Marie de Tromelin de Lannuguy, le frère de Bernard Marie, qui en 1775 récupéra les derniers survivants du naufrage de l’Utile réfugiés sur l’île de sable. Île, qui par la suite, prit le nom de Tromelin.

CV(H) Gérald BONNIER
05/08/2019

Tromelin et Suffren. Un conflit entre marins.
Biographie et Mémoire justificatif inédit
du capitaine de vaisseau Bernard Marie Boudin de Tromelin (1735 – 1815)
Claude – Youenn Roussel, Claude Forrer
Editions SPM

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