Voiles sur l’Irlande

Et voici de retour, pour notre plus grand plaisir, le fougueux enseigne de vaisseau Athanase Delrieu, dont nous avions fait la connaissance dans Les Voiles de la République ! Nous le retrouvons, à vrai dire, moins fringant qu’au début du précédent volume puisqu’il attend son sort avec une certaine appréhension dans les cachots brestois après avoir tué en duel son ennemi juré, l’enseigne Bourdier, jacobin militant. Heureusement pour lui, la chute de Robespierre lui sauve la vie, mais il est exclu de la Marine de guerre. Il cherche alors à se reconvertir dans la course mais, le Directoire ayant décrété un embargo sur celle-ci, il ne parvient que difficilement à obtenir le commandement d’un cutter malouin, l’Iphigénie. À bord de ce bâtiment, petit mais rapide, il va multiplier exploits glorieux et péripéties haletantes jusqu’au jour où, la chance l’ayant abandonné, il tombe aux mains des infâmes « Angliches ».

 Suit la description de sa captivité à bord du ponton l’Essex, véritable camp de concentration où les prisonniers français croupissent dans une atroce misère physique et morale sous les coups de geôliers sadiques et vénaux (la description peut paraître caricaturale, mais nous avons conservé, hélas ! trop de témoignages concordants de marins ayant vécu cet enfer pour savoir qu’il n’y a là nulle exagération). Après un an et demi de ce supplice, il finit par s’évader et à regagner la France. Là, son ancien chef, l’amiral Van Stabel, le recommande au ministre de la Marine, l’amiral Truguet, qui le réintègre dans la Marine avec le grade de lieutenant de vaisseau (on manque alors cruellement d’officiers compétents).

 Nommé officier sur la frégate La Zélée, il participe à la désastreuse tentative de débarquement en Irlande entreprise en décembre 1796 par le général Hoche et l’amiral Morard de Galles. Au retour, son bâtiment est attaqué par une frégate britannique plus puissamment armée mais, son commandant ayant été grièvement blessé, il prend le commandement et réussit à s’emparer du navire ennemi à l’abordage. Hélas ! Les deux frégates, désemparées, sont drossées sur les rochers de la pointe Saint-Mathieu et coulent toutes deux après avoir évacué leurs équipages au prix de lourdes pertes.

Toutefois, rassurez-vous : Athanase Delrieu figure parmi les rescapés et retrouve même le grand amour de sa vie, l’intrépide royaliste Olympe de Grandet, ce qui nous promet une suite que nous attendrons avec impatience.      Comme pour le précédent roman, il est difficile de s’arracher à la lecture de celui-ci, parsemé de rebondissements palpitants, écrit dans un style vivant mis au service d’une intrigue emplie de verve, de pittoresque mais aussi de réalisme et dont l’exactitude historique est toujours aussi scrupuleuse, comme le prouve l’abondante bibliographie. En supplément, l’auteur nous offre un lexique qui sera apprécié de tous les lecteurs peu familiers des termes de la Marine de jadis, ainsi qu’une série de dessins représentant les navires de l’époque.

CV(H) Philippe HENRAT
15/04/2019

Voiles sur l’Irlande
Antonio FERRANDIZ
Corsaire Éditions

Voir aussi la recension du CF(H) Jean-Marie CHOFFEL et de l‘EV1(R) Matthias DANEL

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