Une histoire du Cap Horn

Voici un beau livre, dont l’ ambition de dresser une synthèse de ce « bout du monde » est réalisée par l’abord de perspectives les plus diverses : géographique, géologique, ethnographique, littéraire, historique, légendaire, contestataire, économique, philosophique, poétique.  

A commencer par sa cartographie des ethnies, l’étude des autochtones fuégiens, de leur langues et coutumes, de leur adaptation singulière à un environnement parfaitement hostile. Les premiers contacts entre « peuples de l’eau » et Européens génèrent des fantasmes et peurs réciproques. Suivent la colonisation et l’évangélisation, le plus souvent une autre forme involontaire de maltraitance.  A contrario, la réussite de la colonie du pasteur Thomas Bridge dont les descendants ont suivi jusqu’au vingtième siècle son modèle de dévouement absolu accompagné par une coopération remarquable avec les autorités Argentines .

Le livre déroule un défilé de marins extraordinaires : Magellan, à la recherche du passage ver le Pacifique, Sarmiento, premier sur le parcours du détroit d’Ouest en Est pour y établir une colonie qui va gagner le surnom sinistre de « Puerto del Hambre »,  Drake, premier bras de la contestation de Tordesillas, Raleigh corsaire Anglais, Schouten et Le Maire à la tête d’une expédition de 17 navires à la mesure de la rivalité Hollandaise. Quid du pavillon Français ? Celui-ci reste discret sinon absent jusqu’en 1703 quand les premiers navires de commerce choisissent le Cap Horn plutôt que le détroit.

Après les découvreurs et les premiers Cap-Horniers, apparaissent des aventuriers d’une nouvelle trempe : scientifiques de l’expédition Fitzroy, Darwin mais aussi les baleiniers qui, passage après passage, défrichent, accumulent, recoupent des informations nautiques de plus en plus exactes. Le cercle vertueux est enclenché : ces informations parviennent de bouche à oreille aux capitaines de commerce qui, à leur tour, corrigent ou complètent. Le passage du Horn reste une épreuve mais le risque devient raisonnable ; Les armateurs n’hésitent plus à investir dans les opportunités commerciales ; le fret via le Cap Horn devient moins cher que par le transbordement Panaméen. Les minerais, le guano remplissent les cales au voyage retour. Vient le temps des Clippers chargés de la laine et du blé Australien en suivant les « roaring forties ». Ce sont plus de 1200 voiliers qui en 1892 empruntent le passage de Drake.

D’autres sujets sont également traités en passant par les gardiens de phare, la Centolla appréciée par les gastronomes, les deux seigneurs des airs, les guerres entre Chili et Argentine, la mission scientifique française des années 1880, les premières cap-hornières, le dévouement de la famille Renaud, à l’origine de la formation de 365 capitaines au long cours destinés pour une bonne partie à la navigation par le « bout du monde ».  

Sont enfermées dans ce livre d’autres perspectives parfois inattendues , ici ignorées afin de respecter le format standard d’une récession pour un livre qui n’a rien de standard. 

CF(H) Philippe PIZEINE
10/02/2025

Une histoire du Cap Horn
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