J’y vais mais j’ai peur

3 février 2021. Clarisse Cremer termine le Vendée Globe et achève son premier tour du monde solitaire, en 87 jours, 2 heures, 24 minutes et 25 secondes, battant le record féminin détenu depuis vingt ans par Ellen McArthur. Comment la jeune francilienne, en proie au doute quant au parcours qu’elle voulait suivre et peu sûre d’elle-même, est-elle devenue une navigatrice chevronnée ? Comment a-t-elle construit son parcours de marin, jusqu’à être approchée par le responsable de l’équipe Banque Populaire ? Comment a-t-elle vécu la navigation sur l’Imoca Banque populaire X et géré sa course ?

J’y vais mais j’ai peur est le récit de ce parcours exceptionnel et – en majeur – de cette belle navigation en solitaire, réalisé sous la forme d’un long roman graphique où se mêle la voix de de la jeune navigatrice et le coup d’œil d’une autre femme, Maud Bénézit, qui assure le scénario et l’illustration.

On ne s’ennuie guère dans cette histoire qui sait montrer le quotidien exigeant d’un tour du monde à la voile, où se mêlent la monotonie de la répétition et le nécessaire souci du détail technique, la crainte et le stress engendrés par les avaries, les coups de tabac – anticipés ou bien réels – comme les blessures, ainsi que le sommeil calibré et jamais totalement serein. La délicatesse du regard distancié de Clarisse Crémer, qui sait dévoiler – non sans autodérision-, l’exaltation et les doutes qui la traversent à bord de son trimaran, et la confusion qui accompagne le retour à terre, apporte beaucoup au récit.

Au dessin, Maud Bénézit apporte une vigueur à l’histoire, dans un style propre où l’on retrouvera un peu du trait naïf d’une Aude Picault (notamment dans sa Parenthèse patagone, autre histoire de navigation) et de la mise en couleur d’une Posy Simmons (sans doute un peu plus appuyée). Delcourt propose à ses lecteurs une attachante plongée au cœur de l’intime maritime, loin des sentiers battus et loin des côtes. Ses deux auteurs, deux femmes dont un marin, offrent avec un souci d’harmonie et non sans une certaine délicatesse une belle histoire qui vous emporte au large. 

CF(R) Jean-Pascal DANNAUD
01/09/2024

Clarisse Cremer – Maud Bénézit
J’y vais mais j’ai peur
Editions Delcourt – collection Encrages – 17 janvier 2024

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