Azucre

1853. Dans une Espagne miséreuse, de jeunes Galiciens se voient proposer de partir travailler dans des plantations de canne à sucre. L’espoir d’une vie meilleure et celui de pouvoir envoyer un pécule à leur famille les poussent à cet engagement. Aussi partent-ils à pied vers la Corogne, d’où ils embarquent sur le Villa de Neda. Dès le premier pas sur le bateau, ils sentent qu’un piège s’est refermé sur eux. Ce que l’arrivée à Cuba confirme cruellement. Pourront-ils recouvrer leur liberté ? Et à quel prix ?

Ce court roman en trois parties (la marche vers la Corogne, la dure vie à bord, la désillusion une fois arrivé à la Havane et le soulèvement), est un récit sur la dure condition de l’Homme, l’injustice de son exploitation et sa capacité de révolte et de résilience.  

À partir d’un fait historique méconnu – la vente comme esclaves à Cuba de jeunes Galiciens -, Bibiana Candia signe un premier roman qui ne manque ni de style ni d’intérêt, qui se déploie par petites touches, au travers d’un découpage en courts chapitres qui sont autant d’images marquantes.

Ce récit assume sans conteste une dominante terrienne. Par la place éminente que prennent la première et la troisième partie dans le roman. Mais aussi par le traitement de celle qui se passe à bord : Oreste, Bigorne et les autres restent enfermés, en proie au mal de mer et aux nausées qui suspendent les perceptions. Bien sûr, les hamacs branlent dans une ossature de bois qui craque. Mais l’essentiel est dans l’état de misère physique où sont les protagonistes de cette histoire, vomissant aux dessus des rats. L’océan n’existe pas autrement que par les effets indésirables qu’il entraîne sur les corps. D’ailleurs est-ce étonnant ? Les personnages ne l’ont vu que le jour de l’embarquement, sans comprendre vraiment ce qu’il était. Et jamais ils ne montent sur le pont, ce qui les rend étrangers aux manœuvres, au vol des oiseaux de mer et à l’esprit d’équipage.

C’est donc en Galice et à Cuba – et non à bord – que le lecteur trouvera une pleine lumière. Paru en Espagne en 2021, ce roman a reçu le prix du premier roman des libraires de Madrid, le prix des libraires de Navarre. Et, en France, celui de la meilleure œuvre écrite en espagnol au 35e Festival du Premier Roman du Chambéry (2022).

CF(R) Jean-Pascal DANNAUD
07/07/2024

Bibiana Candia
Azucre
Editions du Typhon – 2024

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