Avec les premiers français autour du monde

Dans les années 1700, la route de la Chine et celle du Pérou avaient été reconnues et étaient parcourues par les navires de commerce. La Compagnie de la Chine avait le monopole du commerce avec celle-ci et la Compagnie des mers du sud celui du commerce avec le Pérou. Mais elles n’exerçaient pas directement leurs privilèges et accordaient des licences aux armateurs privés.

Un armateur malouin, Guillaume Rouzier, conçut le projet de desservir les deux destinations dans un même voyage « autour du monde ». Parti de Saint-Malo, le navire chargé de marchandises diverses, descendrait l’océan Atlantique, passerait le cap Horn, puis remonterait les côtes du Chili et du Pérou. Il y ferait plusieurs escales pour vendre ses marchandises qui lui seront payées en métal argent.  Puis il traverserait l’océan Pacifique pour se rendre à Canton où le métal argent péruvien lui permettrait d’acheter des produits locaux : soieries, porcelaines, laques, thé, etc. Puis il traverserait l’océan Indien, passerait le cap de Bonne espérance, puis remonterait l’océan Atlantique jusqu’en Europe.

Ce voyage était très risqué :  aux aléas de la navigation et aux attaques de pirates, s’ajoutaient le fait que le commerce en direct avec les colonies espagnoles d’Amérique du sud, théoriquement interdit, était seulement toléré et que l’importation des soieries étrangères était prohibée en France pour ne pas concurrencer les productions nationales. Mais il était facile de s’arranger avec les autorités locales et les communications étaient très lentes.

Guillaume Rouzier organisera deux de ces voyages dans lesquels il engagera un de ses navires Le Grand Dauphin. Le premier réalisé de janvier 1711 à juillet 1713, nous est connu par le récit manuscrit du chirurgien du bord. Le second réalisé de septembre 1714 à septembre 1717, nous est connu par le journal de bord du navire.

C’est à partir de ces deux documents que Patrice Decencière – également rédacteur en chef de la revue Neptunia de l’Association des Amis du Musée de la Marine – a réalisé l’étude sociale, scientifique et technique, très détaillée, qu’il nous présente dans cet ouvrage. Celle-ci met bien en lumière l’audace des armateurs qui comme Rouzé n’hésitaient pas à engager la majorité de leur fortune dans de telles expéditions et l’intrépidité des officiers et des équipages dans leur navigation autour du monde.

CV(H) Gérald BONNIER
22/06/2024

Avec les premiers français autour du monde
D’après les journaux retrouvés des expéditions du Grand Dauphin de Saint-Malo sous le règne de Louis XIV
Éditions Voilier Rouge

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