La conférence de Munich des 28 et 29 septembre 1938, devait donner un cadre légal à l’annexion par le IIIème Reich d’une frange du territoire tchécoslovaque peuplé de germanophones : les Sudètes. Ceux-ci, travaillés par les nazis, avaient demandé leur rattachement à l’Allemagne. La position d’Hitler était ou j’obtiens cette annexion par la négociation ou je le fais par la force. Les tchécoslovaques, eux, voulaient résister et s’apprêtaient à mobiliser leur armée. La France, qui était lié à la Tchécoslovaquie par des accords contraignants et l’Angleterre qui n’en avait pas, paniquaient à l’idée de la guerre et faisaient pression sur le gouvernement tchèque pour qu’il accepte les demandes allemandes. La conférence réunit Hitler, Chamberlain, Daladier et Mussolini qui n’était pas encore inféodé à Hitler et jouait le rôle de modérateur. Les tchèques n’étaient pas invités et leurs diplomates étaient retenus dans un hôtel par la Gestapo.

Les revendications allemandes furent satisfaites, bien qu’une mission de surveillance internationale et un plébiscite dans les territoires à faible population germanophone, dont Hitler ne voulait pas, furent ajoutés. Les Tchécoslovaques étaient lâchement abandonnés et Hitler avait les mains libres. Rapidement il annexa tous les territoires germanophones et en mars 1939, il scinda Slovaquie et Tchéquie, cette dernière, très industrialisée, étant intégrée au IIIème Reich. Il ne lui restait plus qu’à annexer la Pologne, pour former la Grande Allemagne dont il rêvait.

On connait la photographie du retour triomphal en Grande Bretagne de Chamberlain, proclamant qu’il avait évité la guerre et brandissant un document, qui n’était pas l’accord sur les Sudètes, mais un accord germano – britannique sur l’équilibre des forces navales signé en catimini le même jour. Sur la photographie du retour de Daladier en France, la foule lui fait un triomphe, mais lui reste sombre, conscient de la duperie de cet accord qui sera contourné par Hitler.

On connait également le mot de Churchill, farouche opposant à ces accords de Munich « L’Angleterre avait le choix entre le déshonneur et la guerre, elle a choisi le déshonneur et elle aura la guerre ».

Maurizio Serra a mené une longue et minutieuse enquête dans les archives des Affaires Étrangères allemandes, anglaises, françaises, italiennes ; il a consulté les mémoires des acteurs et les analyses des historiens sur les événements qui ont précédé les accords de Munich, puis à la pente fatale qui a conduit à la Seconde Guerre Mondiale. Il nous livre des portraits très réalistes des principaux protagonistes et reconstitue de manière très vivante, le déroulé des journées des 28 et 29 septembre 1938.

CV(H) Gérald BONNIER
16/05/2024

Munich 1938: La paix impossible
Maurizio Serra
De l’Académie française
Perrin 03/2024