Un marin à l’Élysée

Que de souvenirs !  Fascinants lorsqu’ils décrivent les premières missions opérationnelles du Commandant Rogel à bord du Casabianca, ou émouvants lors de l’accueil à Toulon de l’Émeraude après le tragique accident de mars 1994.

La première de trois affectations, en qualité de chef de l’état-major particulier (d’abord adjoint) du président de la République, va fourni à l’auteur une excellente occasion de définir la nature de cette fonction, souvent mal connue du grand public et peut-être même de la Marine. Là encore, une manne de souvenirs parfois dramatiques, comme le tsunami meurtrier de Noël 2004.

De là, il passe au poste de chef de cabinet du chef d’état-major des Armées, le général Georgelin, poste dans lequel il eut à gérer la réduction drastique des crédits militaire en 2008.

Puis, au bout de trois ans, c’est le poste de sous-chef d’état-major opérations, qui va l’entrainer sur des théâtres pas nécessairement maritimes : l’Afghanistan, auquel il consacre une longue réflexion, puis l’océan Indien et ses pirates, la Côte d’Ivoire, l’opération Harmattan en Libye, sans oublier les premiers balbutiements de la défense anti-cyber et de l’emploi des drones.

 En 2011, c’est le poste de chef d’état-major de la Marine, qu’il occupera jusqu’en 2016, période « passionnante » mais qui ne sera pas pour lui un long fleuve tranquille. En tête de ses missions, il place la nécessité, vitale mais trop méconnue à l’époque,  d’expliquer aux Français l’importance pour leur pays de la mer et de la Marine sous tous ses aspects.

L’auteur devra procéder à ce qu’il nomme le « grand carénage » : en premier lieu, le rétablissement du moral et de l’enthousiasme au sein des personnels de la Marine. Des missions d’un type nouveau, aussi, telles que la « guerre des grands fonds » et la protection des câbles sous-marins, la gestion de l’irrésistible déferlement de l’informatique, le remplacement des patrouilleurs d’outre-mer et des bâtiments amphibies légers, la transformation des organismes de soutien, la modernisation des ports de guerre et le déménagement de l’état-major à Balard.

Les fonctions de chef d’état-major particulier des présidents Hollande, puis Macron, exercées à partir de 2016, s’ouvrent sur le dramatique attentat de Nice et s’achèvent, quatre ans plus tard, par l’épidémie de Covid. Cette relation lui permet de tracer un portrait nuancé des présidents, dans le contexte de l’évolution rapide du contexte militaire européen et des nouvelles composantes (confrontation au sein de la mer, de l’espace et du cyberespace, essor fulgurant des technologies, mondialisation des conflits) aboutissant au Livre blanc 2019-2025. Il sera jusqu’au bout sur la brèche, tant dans les prémices de la cyber-guerre, qu’à la tête de la discrète opération Hamilton (neutralisation des moyens de guerre chimique de la Syrie), ou encore des opérations au Sahel.

L’auteur, tout en reconnaissant l’apparition d’un futur difficile à appréhender, termine son livre sur une encourageante note d’espoir, qu’il transmet aujourd’hui aux élèves de Terminales des lycées sous la forme lapidaire : « Croyez en vous ».

Un seul regret : quelques photos bien choisies auraient agréablement complété ce beau livre. Mais sans doute faut-il imputer leur absence aux impératifs de l’Edition.

CV(H) Philippe HENRAT
19/02/2024

Un marin à l’Élysée.
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Tallandier

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