Cet ouvrage publié à l’occasion d’une exposition à la médiathèque de Rochefort, ville ou Pierre Loti est né en 1850, commémore le centenaire de son décès, le 10 juin 1923. C’est Pierre Loti, dessinateur de talent et écrivain à succès, que l’on célèbre, en mettant sous nos yeux quelques-unes de ses multiples facettes.

Tout commence en 1872 par la publication anonyme dans l’Illustration et Le Monde Illustré, des dessins de Julien Viaud – aspirant de marine – consacrés à la Patagonie, l’ile de Pâques et Tahiti. Puis en 1879 parait de manière aussi anonyme que ses dessins, son premier roman Aziyadé. Le nom de Loti, qui lui a été donné par les tahitiennes en 1872, n’apparaitra qu’en 1880.  La consécration viendra en 1886 avec la publication de Pécheur d’Islande et le point culminant de sa carrière d’écrivain sera son élection à l’Académie française en 1891. Ce sera la fièvre des interviews, des diners, des photographes, autour de lui graviteront des écrivains de renom, des hommes politiques de la IIIème république et même des têtes couronnées. L’Académie française le proposera en 1910-1912 pour le prix Nobel de littérature. Le soutien apporté par l’éditeur Calmann-Lévy sera aussi décisif, éditant ses romans en feuilletons, en collections à bas coût et en éditions de luxe. Pécheur d’Islande fera l’objet d’un nombre incalculable de rééditions dans le monde entier.

Pierre Loti était un personnage singulier. De petite taille, on le voit sur les photos bombant le torse, arborant fièrement ses nombreuses décorations. Il déroutera ses interlocuteurs en apparaissant maquillé et parfumé. Les décors exotiques dont il habille sa maison de Rochefort ou il se plait à poser dans la tenue associée, sont sans doute pour lui un moyen de se replonger dans ses souvenirs et ses rêves.

Ce sont bien ses souvenirs et ses rêves qui sont le sujet de son œuvre. Chacun de ses livres se rapporte à un épisode de sa vie : d’Istamboul et de ses amours avec une jeune circassienne qui appartenait au harem d’un dignitaire turc naitront : Aziyadé, Fantômes d’Orient et les Désenchantées ; de Tahiti : Le Mariage de Loti ; du Japon : Madame Chrysanthème, de Chine : Les derniers jours de Pékin.

Toute sa vie Julien Viaud – alias Pierre Loti – sera fidèle à la Marine nationale. Il aurait pu se reconvertir dans le monde des lettres, le succès de ses ouvrages et ses relations lui auraient assuré une situation matérielle confortable. Mais non, il restera officier de Marine jusqu’à la retraite et ce sont des matelots, l’arme au bras, qui escortent son cercueil lors de ses funérailles, avant que celui-ci ne soit hissé sur l’escorteur Chamois. Ce fut certainement difficile pour la Direction du personnel de la Marine de proposer des affectations à cet officier fantasque, auteur à succès et académicien. On le retrouvera en 1900, aide de camp de l’amiral commandant l’escadre française dans l’expédition de Chine, chargé des relations diplomatiques avec le général commandant le corps expéditionnaire français à Pékin, ainsi qu’avec les autorités des autres nations engagées dans la guerre des Boxers.

Cette vie de marin, confronté à la mer, à la promiscuité des bords, aux opérations militaires, n’a pu que marquer profondément son œuvre. Malheureusement ceci n’apparait que dans une phrase : « Le marin est victime des jugements sévères ou jaloux de sa hiérarchie ». C’est dommage car Rochefort est un des ports historiques de la Marine Nationale.

CV(H) Gérald BONNIER
10/02/2029

Planète Loti
Alain Quella – Villéger
Magellan et Cie – Octobre 2023