En 1980, la salle des machines du Salem, un pétrolier, prend feu au large des côtes sénégalaises. L’équipage est sauvé par un navire qui s’éloigne rapidement, avant que n’explose le tanker chargé de 200.000 tonnes de brut. Le géant des mers sombre lentement sans laisser de trace. Non sans laisser de doutes. L’absence de de marée noire, le fait que les marins aient pu embarquer dans les radeaux de sauvetage avec leurs valises, les témoignages par trop concordant du capitaine et d’une partie de l’équipage sur le naufrage, l’absence du livre de bord, une escale en Afrique du Sud, les sommes demandées au Lloyd’s, tout justifiait qu’une enquête en baraterie soit lancée. En 2021, durant le confinement, Pascal Janovjak ouvre à nouveau le dossier, entre recherche et fiction…

Avec ce roman, l’auteur suisse mène l’enquête sur une des plus grandes escroqueries de la fin du siècle dernier : la disparition du Salem, dont la cargaison fut écoulée de manière frauduleuse à Durban et les soutes remplies d’eau de mer avant d’être coulé au large de l’Afrique de l’Ouest. L’on découvre la vie à bord, à travers le journal fictif dʹun matelot tunisien, en même temps que l’on suit les questions existentielles de la création littéraire – et les réflexions sur l’écriture d’un faux livre de bord.

Un livre qui rappelle utilement que la mer, comme le monde, n’est pas habité que par des gens recommandables. Un ouvrage qui évoque les tourments de la création, comme celle de la falsification – la figure de Donald Crowhurst est là pour faire le lien entre l’auteur et ses personnages semi-fictifs. Une approche méritoire de la mer par un auteur suisse, qui s’y frotte pour la première fois.  

CF(R) Jean-Pascal DANNAUD
25/02/2024

Pascal Janovjak
Le voyage du Salem
Editions Actes Sud – janvier 2024