Pour qui a visité le musée de la Marine au Palais de Chaillot ou celui de Rochefort, les modèles du « plongeur Â», le premier « bateau noir Â» de la Marine – impériale à l’époque – auront pu faire un peu sourire : un sous-marin à air comprimé ! Néanmoins, il ne faut pas s’en tenir à cette définition simpliste de l’invention du commandant Siméon Bourgois et de l’ingénieur Charles Brun.

C’est l’histoire de sa construction que François Guichard, capitaine de vaisseau et commandant de SNLE nous invite à découvrir en nous plongeant (terme de circonstances !) au cÅ“ur de cette époque parfois peu connue, celle du Second Empire.

Malgré une « jeunesse d’écriture Â» qui demande au lecteur quelques  efforts dans la lecture des premiers chapitres, l’auteur réussit à nous emporter et l’on parcourt avec son trio de héros les ateliers de construction de l’arsenal de Rochefort de la seconde moitié du XIX^{e siècle.}  On emprunte les premières lignes de chemin de fer, on fait aussi un état des autres prototypes de submersibles américains, on finit par s’angoisser lors des premiers essais du plongeur.

Par sa parfaite connaissance de cette période, de la ville de Rochefort, de la chose industrielle et, forcément, de la manière dont doit fonctionner un submersible, il nous fait découvrir – ou redécouvrir pour les plus érudits – un panorama assez complet du monde de cette époque riche de grands bouleversements : Elle aura vu la naissance du libéralisme et des empires coloniaux, la guerre de Sécession aux États Unis, l’avènement du chemin de fer et des premiers navires cuirassés.

Tous les ingrédients étant là, on aurait aimé un éditeur plus attentif au style des premières pages. On se plairait volontiers à imaginer une réédition très illustrée des « Premières plongées Â» ou, pourquoi pas, un film biographique (ou biopic) des concepteurs de ce premier sous-marin français.

Jean-Benoît HERON
Invité du comité de lecture de l’ACORAM
25/01/2022

PREMIERES PLONGEES
Vingt milles nautiques sous la mer
François Guichard
Editions Vérone

Voir également la recension du CF(H) Philippe BEAUCHESNE