Paul Chack , Itinéraire d’un malentendu

La carrière maritime de Paul Chack commencée en 1893 par un embarquement traditionnel sur le bâtiment-école de l’époque, le Borda prendra un tour décisif lors de son détachement, en 1920, au Service Historique de la Marine. Rien ne le prédestinait particulièrement à ce type très particulier de poste mais il va y exceller. La Grande Guerre vient de s’achever et l’action de la Marine française y a été largement ignorée et méconnue. Paul Chack va s’attacher à la rédaction d’un historique, bien documenté puisque les documents sont dans son service. Encore faut – il qu’ils soient exploités avec rigueur. Paul Chack s’y entend : la publication dans la Revue maritime et coloniale de La guerre des croiseur, rédigée de sa main, permet de porter une appréciation très positive sur la qualité du travail accompli.

Mais Paul Chack a compris que ce travail rigoureux doit être porté aussi à la connaissance du grand public, dont l’ignorance est encore plus abyssale, mais que pour ce faire il faut créer une collection d’un style particulier qui plaise au lecteur. Il va encore y exceller, les livres publiés avec son camarade Claude Farrère puis sous son nom seul,  connaîtront en librairie un très grand succès et vont lui conférer une notoriété particulière. Il en ira tout autant pour les nombreux articles qu’il publiera dans des revues prestigieuses.

Bien qu’il jouisse toujours de la parfaite confiance de ses chefs, Paul Chack demande et obtient,  en novembre 1934, sa mise à la retraite anticipée. Soucieux de maintenir, voire d’accroître sa notoriété il va alors entrer en politique comme d’autres seraient entrés en religion. Ses sympathies vont à la droite radicale et il participera activement aux manifestations des divers groupes qui la composent.

Cet engagement il va le renforcer après l’armistice de 1940, « Achevant, comme l’écrit Jean – Baptiste Bruneau, une dérive commencée dans les années 30, Paul Chack est de tous les combats . De l’Institut d’études des questions juives au comité d’action antibolchevique, du Cercle européen au Cercle aryen, il s’affiche au mépris de toute prudence dans toutes les manifestations collaborationnistes ». Sa propre vanité, la crainte de tomber dans l’oubli, l’incitent à écrire sur les Juifs, les Francs-Maçons, les communistes, la IIIème République et son personnel, des textes au vitriol, appelant à leur épuration.

Fâcheuse suggestion qui, à la Libération,  se retournera contre lui. Le Tribunal militaire, qui jugeait selon les règles de l’époque sans appel,  n’aura que l’embarras du choix entre tous ses discours et surtout tous ses écrits pour l’envoyer devant un peloton d’exécution.

En appliquant la même rigueur historique et la même objectivité aussi bien au récit de cette réussite exceptionnelle qu’à celui de cette dérive tragique, Jean-Baptiste Bruneau a écrit un livre parfaitement documenté, qui nous permet de mieux appréhender ce qu’il a appelé, à juste titre, « l’itinéraire d’un malentendu ».

CV(H) François-Emmanuel BREZET
18/01/2022

Paul Chack , Itinéraire d’un malentendu,
Jean- Baptiste Bruneau
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