A perte de vue la mer gelée

Ce livre a reçu le Prix Marine Bravo Zulu 2021 dans la catégorie « Livre ».

325 avant Jésus-Christ. La Méditerranée est un espace connu des marins grecs, phéniciens et carthaginois. Les colonnes d’Hercule, même si certains les ont déjà passées, restent pour beaucoup la frontière ultime, une ouverture dangereuse sur un univers hostile, où les marées sévissent sur les plages, où les vagues sont autrement longues et dont on ne connaît pas la géographie. Il y a bien quelques récits, incertains et peuplés de chimères, et des connaissances mathématiques qui laissent à penser que la terre serait ronde. A Massalia, Pythéas, issu d’une famille d’armateurs, estime qu’il y a surtout une opportunité de découvrir des routes au nord, qui permettraient de court-circuiter les intermédiaires gaulois. Son projet est approuvé : il prend la tête d’une expédition dont on parle encore…

Parti de Marseille pour commercer au Nord, Pythéas découvrit, au-delà de la Grande-Bretagne, une île qu’il baptisa Thulé, et fut le premier à rapporter que la mer pouvait geler.  A son retour, il consigna ses observations en matière d’astronomie, de géographie et d’océanographie dans un traité, De l’océan, qui fut commenté et durement critiqué durant l’Antiquité.

De cet ouvrage, il ne reste rien, si ce n’est la mention qui en fut faite par ses détracteurs. De la vie de cet aventurier, on ne sait en réalité par grand-chose. Là où l’historien n’a pas prise, il y a de l’espace pour l’écrivain.

François Garde, dont nous avions déjà apprécié La baleine dans tous ses états, reprend la plume et la mer, pour imaginer l’histoire de ce navigateur, commerçant curieux et explorateur soucieux de transmettre son savoir. Il le fait avec style : ce livre associe la verve du romancier, l’admiration du thuriféraire et le regard du marin d’aujourd’hui sur une aventure qui n’avait rien d’évident en son temps.

A vrai dire, on est pris de bout en bout par cette histoire, qui retrace la formation de Pythéas, ses expéditions et la diffusion de ses observations.

On aimera, ou non, le parti pris du tête-à-tête entre l’écrivain et son héros, posé dans un tutoiement par-delà les siècles.

Pour le reste, le lecteur qui plongera dans ce livre le fera avec plaisir : il laissera son esprit vagabonder sur la terre et sur mer, auprès des marins, des petits rois et des grands conquérants ; il sera attentif aux mystères de la nature comme aux affres de la politique ; en somme, il goûtera là un livre de grande qualité.

CC(R) Jean-Pascal DANNAUD
24/08/2021

François Garde
A perte de vue la mer gelée
Paulsen, 2021

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