Le grand naufrage de l’armada des Indes

En janvier 1627 une catastrophe maritime a détruit une partie de la marine portugaise, faisant près de 2000 morts et moins de 300 rescapés, et coulant sa très précieuse cargaison. Deux énormes caraques, peu manoeuvrantes, étaient parties des Indes en mars 1626 chargées d’épices, de parfums, de tapis, tapisseries et soieries, de cuirs et mobiliers, de porcelaines, de pierres précieuses, de bijoux en or et d’esclaves artisans pour les rapporter à Lisbonne. Une forte tempête a contraint ces navires à se réfugier en octobre 1626 dans la rade de La Corogne rejoints en novembre, dans cette baie et à son nord dans le goulet du Ferrol, par cinq galions de guerre et une hourque venus les escorter. Après sept semaines d’attente, les caraques et quatre escorteurs quittent La Corogne, malgré la poursuite de vents violents venant du SE ou SO, et l’avis contraire du chef d’escadre, le capitaine-général Manuel de Meneses. Celui-ci quitte alors l’abri du Ferrol avec son galion et la hourque pour les suivre. Les premiers vaisseaux prennent imprudemment le large et sont  entrainés dans le golfe de Gascogne, avant le naufrage de la totalité de l’escadre entre St-Jean-de-Luz et Hourtin.

L’écrivain Francisco Manuel de Melo, alors âgé de 19 ans, fut l’un des survivants et fit en 1657 le récit détaillé de cette épisode tragique : la nuit du 14 au 15 janvier, les manœuvres entreprises, les actes de courages ou de folie, les qualités de Meneses et de Dias de Andrade, qui ont réussi à sauver une partie de leur équipage respectifs… Dans une préface illustrée par de nombreuses cartes et nourrie par un minutieux travail d’historien, Xavier de Castro (Michel Chandeigne) met en lumière les nombreuses erreurs et actes d’indiscipline ayant provoqué ce désastre humain et financier. Il révèle également le rôle funeste des pilleurs d’épaves et massacreurs «cotangers», ouvriers résiniers et bergers landais, et de la cupidité de la noblesse de Guyenne et de J-L Nogaret duc d’Epernon s’emparant de diamants et canons.

Ce petit ouvrage passionnant, aisé à lire et très bien écrit, est remarquable tant par ses analyses nautiques que par ce qu’il nous apprend de l’époque, de la noblesse portugaise et de nos ancêtres d’Aquitaine.

A découvrir.

CF(H) Philippe BEAUCHESNE
18/02/2021

Le grand naufrage de l’armada des Indes
Francisco Manuel de Melo
Editions Chandeigne

Voir également la recension du CV(H) Philippe HENRAT

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