Amiral : du sel et des étoiles

Un amiral est-il un militaire qui a appris à faire la guerre sur mer ou un marin dans l’âme qui a appris à faire la guerre ?

L’amiral Coldefy reconnait qu’il n’avait pas l’ambition de la mer et qu’il a choisi de faire Navale parce que pas trop mauvais en mathématiques… sa brillante carrière dans la marine et l’attention qu’il porte toujours à tout ce qui touche à la mer sont la preuve qu’il a su depuis sérieusement saler ses cinq étoiles !

Amarré définitivement à un corps mort, l’amiral Coldefy livre dans cette autobiographie, ses réflexions sur la chose maritime et bien plus.

En général, les autobiographies sont un rien ennuyeuses avec du ‘moi, moi’ et de l’entre-soi qui peuvent agacer le lecteur. Heureusement dans le cas qui nous occupe, les expériences nombreuse et variées de l’amiral, tant à la mer que dans des fonctions sédentaires, rendent son ouvrage intéressant à plus d’un titre.

Premier amiral à commander le groupe aéronaval avec un SNA dont il avait le commandement tactique, l’auteur souligne l’importance de la complémentarité des moyens, de la concentration et de la précision des feux ainsi que de l’autonomie logistique d’un porte-avions nucléaire,  toutes données qu’il a pu apprécier lorsque sur le Foch, il était à la tête des forces franco-britanniques au Kosovo et a su résister à la pression américaine qui voulait bombarder le Monténégro sans discernement.

Patrouiller dans les mers du Sud, draguer par gros temps en Atlantique nord, essuyer des vents de force 12, manœuvrer de conserve avec les flottes alliées, avec avaries plus ou moins simulées, ravitailler à la mer, tirer sur cibles et tout le toutim, pister les sous-marins ennemis et finalement commander le Clem pendant l’opération Balbuzard, sont là quelques évènements maritimes propres à la carrière de notre officier de marine. temps à la mer entrecoupés de missions à l’Etat-Major, dans les instances de défense interalliées, à la rédaction du Livre blanc, chez les diplomates, etc. 41 années de service, 27 mutations, 22 déménagements et enfin, conseiller en stratégie chez EADS, donnent de la bouteille et surtout une incontestable légitimité pour disserter sur l’importance de la mer, la piraterie, la sécurité, le renseignement, l’immigration clandestine, le cyber espace, la féminisation des armées et tant d’autres sujets d’importance.

L’amiral livre sa vision à long terme de ce que devrait être notre système de défense, malmené entre les principes d’incertitude et de réalité (il a été un temps directeur de la revue Défense), et en tenant compte des changements dans l’engagement des jeunes qui veulent faire maintenant les voyages que notre génération se réservait de faire à la retraite.

Les relations du militaire et du politique sont elles aussi évoquées ainsi que la nécessité d’une politique commune de l’Europe, (autre serpent de mer…), face aux deux grandes puissances que sont les USA et la Chine.

Après avoir mis sac à terre, Alain Coldefy a continué et notamment comme président de l’Académie de Marine, à couvrir toutes les disciplines de la mer qu’avec beaucoup d’autres, il souhaite avec ce livre, faire connaître sinon aimer, à nos compatriotes terriens.

CF(H) Alain M. BRIERE
15/11/2020

AMIRAL
du sel et des étoiles
Alain Coldefy
Lettre de l’amiral Philippe de Gaulle
Préface d’Éric Orsenna
Editions Favre, Lausanne

Voir également la recension du CV(H) Gérald BONNIER

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