300 ans d’hydrographie française

En vérité, 1720 fut, en mal comme en bien, une année mémorable. En mal, puisqu’elle vit éclater une épidémie qui, partie de Marseille au mois de juin, devait se solder par une centaine de milliers de victimes ; en bien, puisqu’elle présida aussi à la naissance, le 19 novembre, du Dépôt des cartes, plans et journaux de la Marine, ancêtre direct de l’actuel S.H.O.M. (Service Hydrographique et Océanographique de la Marine).

Pour commémorer dignement cet évènement, une passionnante exposition avait été organisée au Château de Vincennes. Hélas ! Ouverte le 19 septembre dernier, elle dut refermer ses portes quelques semaines plus tard, victime collatérale, elle aussi, d’une épidémie (l’Histoire bégaie parfois). Heureusement, la technologie, légèrement plus évoluée aujourd’hui que sous le règne de Louis XV, permet d’en effectuer la visite virtuelle grâce aux machines dites intelligentes.

Et surtout (surtout !), nous bénéficions de ce précieux catalogue, œuvre conjointe de l’inspectrice générale des bibliothèques Hélène Richard et de l’ingénieur général Gilles Bessero, ancien directeur du S.H.O.M. Que peut-on dire de cet admirable ouvrage, sinon qu’il réussit le tour de force d’être à la fois succinct et exhaustif, en exposant clairement sous un volume restreint l’histoire et les missions successives mais complémentaires du Service hydrographique : à l’origine, améliorer la sécurité de la navigation et faciliter, du même coup, l’exploration du monde ; puis contribuer à la préparation et au succès des opérations navales ; enfin, plus près de nous, participer au développement de l’économie maritime et à la prévention des risques liés aux océans, tout en développant une coopération active et fructueuse avec les autres nations du globe. Les textes, aussi clairs que concis, alternent avec une somptueuse iconographie qui ne manque pas d’évoquer les grandes heures du service, tout autant que ses plus glorieux représentants, depuis les « grands ancêtres », Jacques-Nicolas Bellin et Charles-François Beautemps-Beaupré, jusqu’à Joseph Renaud, membre fondateur de l’Organisation Hydrographique Internationale, en passant par Anatole Bouquet de La Grye et Maurice Rollet de L’Isle.

Bref, si vous avez l’occasion de vous plonger dans cet attachant petit ouvrage, n’hésitez pas. Et peut-être vous donnera-t-il envie de visiter virtuellement cette superbe exposition…

CV(H) Philippe HENRAT 
29/11/2020

300 ans d’hydrographie française
1882-1927
Gilles Bessero – Hélène Richard
SHOM Locus Solus

Voir également la recension du CV(H) Hubert MICHEA

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