Dominique le Brun, écrivain de Marine, a consacré plusieurs ouvrages aux pôles et à ceux qui s’y sont aventurés. Il prend ici le point de vue de l’exploration française et décrit les traversées et les navigations des marins et savants français qui ont contribué à la découverte de ces lieux inhospitaliers: pôle Nord, pôle Sud, banquise Arctique, continent Antarctique, passage du Nord, passage du Nord-Est, Terre Adélie.

Certains de ces aventuriers sont peu connus, Balthazar du Moucheron, qui voulut vaincre le passage du Nord-Est, Joseph-René Bellot, qui partit à la recherche d’un Anglais disparu, d’autres sont plus fameux, Bougainville (qui n’était pas seulement l’homme de Tahiti), Kerguelen, personnage ambigu, Dumont d’Urville (qui n’est pas que le découvreur de la Vénus de Milo), Charcot et son Pourquoi Pas, et plus récemment Paul-Emile Victor. Jean-Louis Etienne, dans sa préface, confie « vouer une admiration sans borne à ces découvreurs des pôles. Quelle audace, quel courage… » Il est vrai que les aventures rapportées montrent des qualités exceptionnelles déployées dans des mondes inconnus, où la survie des équipages est toujours en question. Comment vivre en voyant la glace se refermer derrière son passage, comment imaginer devoir supporter un hivernage sur la banquise, comment se battre contre des tempêtes inhumaines dans des températures insupportables?

En suivant ces aventures, l’auteur retrace les efforts plus ou moins réguliers et déterminés de la puissance publique française. Comme souvent, c’est un mélange d’audaces et de reculs, aiguillonné par les rivalités internationales, mais toujours soutenu par la volonté sans faille de ces quelques audacieux, prêts à tout risquer pour aller plus loin.

Le récit montre bien la volonté de la France de marquer aujourd’hui sa souveraineté, de faire respecter le droit international en traversant, au su de tous, les mers libres et de contribuer efficacement à la recherche scientifique internationale – glaciologie, environnement, océanologie. Dans cet effort, le rôle de la Marine est primordial: la traversée effectuée par le Rhône sur la route maritime du Nord et les nombreuses missions et rotations de l’Astrolabe en sont la preuve. C’est ce que l’auteur appelle la nouvelle aventure polaire.

Le dernier chapitre est consacré au réchauffement climatique et à la nécessité et l’intérêt des recherches polaires pour analyser ses causes et en suivre les effets. Quelques aperçus scientifiques (qui nous ont donné l’occasion de découvrir des mots inconnus -vent catabatique, polynie) nous alertent sur le rôle crucial de l’humanité et les inquiétudes pour l’avenir.

LV(H) Bruno LEUBA
19/08/2020

Les pôles, une aventure française
Dominique Le Brun
Tallandier