Hitler et la mer

En 1935, Hitler espérait la neutralité de la Grande-Bretagne et lui proposa un accord bilatéral qui fixait le tonnage de la marine allemande à 35% de celui de la marine britannique. Les différents plans élaborés à cette époque pour la Kriegsmarine privilégiaient les cuirassés fortement armés et les porte-avions, au détriment des sous-marins. Mais ces plans étaient irréalisables dans les délais imposés par Hitler, du fait du manque de matières premières et de main d’œuvre qualifiée.

En 1938, l’idée que la Grande Bretagne pouvait prendre part au conflit et que sa capacité de résistance dépendait de son aptitude à maintenir ses liaisons maritimes, devint une hypothèse de travail pour la Kriegsmarine. Mais Hitler persistait dans ses fantasmes de puissants bâtiments de combats et ne tenait pas la menace sous-marine sur le commerce comme décisive. La nouvelle stratégie de guerre aux communications maritimes le laissait indifférent et en décembre 1939, les plans de construction de sous-marins et de petits bâtiments furent différés de deux ans.

Début 1941, Hitler avait perdu confiance dans l’utilité des grands bâtiments et les faisait se replier vers la Norvège où se concentrait la flotte de surface allemande. Il avait compris que les actions conduites par la marine seraient longues à faire sentir leurs effets et il n’y avait pas de place pour elle dans sa stratégie de Blitzkrieg.

Début 1943, une violente colère d’Hitler, dont le principal grief contre la Marine était l’inutilité des grands bâtiments contre un débarquement en Norvège – à l’opposé des forces légères et des sous-marins – conduisit l’amiral Raeder à donner sa démission. Hitler, qui avait pris la place du commandant en chef de l’armée de terre, n’avait aucune intention de prendre celui de la Marine. Le 30 janvier, Karl Dönitz était élevé à la dignité de grand amiral et nommé commandant en chef de la Marine. Celui-ci réussit, alors que la guerre sous-marine en Atlantique nord tournait à l’échec, à faire porter à 40 la production mensuelle de sous-marins. Mais il était trop tard, la puissance industrielle des Etats Unis montait en puissance.

Grand expert de la Marine allemande au cours du second conflit mondial, le Commandant Brézet est l’auteur de plusieurs ouvrages comme la Traque du Bismarck ou le portrait de l’amiral Donitz. Cet ouvrage sur Hitler est un peu la clé de voûte de son œuvre, exposant la vision stratégique et les prises de positions de celui qui menait la guerre du côté allemand. Un important travail de recherche dans les archives allemandes lui permet d’exposer les points de vue exprimés tant par les officiers de la Kriegsmarine et son commandant en chef, que les décisions du Führer.

CV(H) Gérald BONNIER
21/09/2019

Hitler et la mer
François-Emmanuel Brézet
Perrin

Voir également la recension du CF(H) JM CHOFFEL et du CF(H) Alain M. BRIERE

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