Cette jeune écrivaine publie son quatrième « roman noir ». Ses personnages situés dans la Tahiti contemporaine sont imprégnés des mythes des iles du Pacifique, inscrits dans la beauté des sites, mais également marqués par la décadence issue d’une modernité mal assumée.

Nous pouvons apprécier une écriture brillante et originale, sublimant les paysages avec lyrisme et alternant les descriptions poétiques, les récits exaltés et un réalisme brutal.

En revanche, on se sent très éloigné des personnages, qui évoluent dans un monde artificiel, notamment idéalisé par des légendes et croyances entretenues par des surfeurs, dont le seul but semble de vouloir se mesurer à la vague mythique du spot du bout du monde, Teahupo’o. Derrière ce pseudo paradis auquel ils semblent croire, se trouve une réalité sordide peuplée de drogués et marginaux. La violence de leurs relations, fondées sur de vains défis, des vengeances implacables et des amours décalés, parait à l’unisson de celle des vagues. C’est un monde sans espoir qui nous est révélé au sein d’une nature en partie rêvée. Seuls l’amitié et l’amour fraternel ont l’apparence de la solidité.

Il faut lire ce livre pour découvrir un style vraiment admirable par sa puissance et ses habiles changements de rythme. Malheureusement, il est difficile de s’intéresser à l’histoire, sinon qu’en documentaire cruel sur la déchéance d’un peuple resté étranger et inadapté à l’évolution du monde.

CF(H) Philippe BEAUCHESNE
16/07/2019

La Vague
Ingrid Astier
Equinox  Les Arènes

Voir également la recension du CF(H) Alain M. BRIERE