Proche de la plage Maui, à l’est de Tahiti Iti, il est un célèbre spot de surf où viennent se fracasser les plus monstrueuses vagues du Pacifique et notamment, la plus redoutée d’entre-elles : Teahupo’o.

Taj venu d’Hawaï, rêve de braver Hiro qui défie souvent l’énorme vague et force l’admiration de tous dont Tuhiti, fils de sa soeur Maea, et Birdy, surfeur malchanceux, cloué dans un fauteuil roulant.

Le cadre est magnifique, le soleil fait croire au paradis, les vahinés sentent le ylang-ylang. Le rêve mérite d’être vécu. Las ce n’est qu’un rêve !

Avec un indéniable talent, Ingrid Astier nous conte l’envers du décor. Le soleil n’est pas toujours de la partie, les personnages ne sont pas toujours ceux qu’ils paraissent, les amours ne sont pas toujours ceux qu’on imagine. Drogue, défis, vengeances s’entremêlent, on ne mange pas sa haine sans finir empoisonné.

La tension narrative est forte, les phrases sont courtes comme des touches de peinture au couteau, elles ont un grand pouvoir descriptif, en trois dimensions.

On se laisse enivrer par des senteurs de bancouliers, de goyaviers, de ramboutants. On voit ces vagues lourdes se creuser, s’enfler, se courber pour former le tube où s’engloutissent les surfeurs téméraires, on souffre de tant de violence et l’on souffle enfin, lorsque le mal met genou à terre.

Ingrid Astier a tous les sens en alerte et pour notre plus grand plaisir, elle nous fait partager l’émotion que lui inspirent les lieux, les hommes et leurs destins.

La couverture de Jessy Deshais, trafiqueuse d’images qui revisite la grande vague de Kanagawa, ajoute à l’évocation.

A lire absolument.

CF(H) Alain M. BRIERE
23/06/2019

La Vague
Ingrid Astier
Equinox  Les Arènes

Vior également la recension du CF(H) Philippe BEAUCHESNE