Voici un roman qui relève, suivant l’expression marine, de la « Moustache ». (A ne pas confondre avec la vulgaire barbouzerie !)

C’est-à-dire un polard de la variété espionnage, sous-variété nautique.

Les amateurs de John le Carré y retrouveront ce qui fait le charme du genre : dépaysement, luxe des détails, inquiétants engrenages et rebondissements douloureux. Il nous entraine à l’époque de la débâcle soviétique, des eaux glacées de la Poméranie occidentale à celles trop chaudes du golfe du Mexique.

Les amateurs de navigation apprécieront les manœuvres d’accostage et l’immersion dans une atmosphère glauque et parfumée aux relents d’aquavit et de vapeurs de gasoil.  Les mauvaises fréquentations se bousculent autour de ce frégaton aussi à l’aise dans le goulet de Brest que dans le Kattegat ou le Passage du Vent.

La navigation est périlleuse entre Grenzetruppen en manteaux de cuir, oligarques ripoux (pléonasme) et barbudos répugnants. Le lecteur, comme le Captain, choisira probablement le 5 de chez Chanel, c’est une affaire de goût et on n’en manque pas dans la Marine…

Cet excellent polard, qui aurait pu rebondir encore plus loin, vous permettra de laisser passer un grain, une giboulée de mars, en restant au coin du feu et d’y trouver beaucoup de plaisir.

Détente et dépaysement assurés.

CF(H) Luc BRENAC
02/04/2018

Cargo noir
Thibaut Delort-Laval
Editions Ancre de Marine 2016