Dictionnaire de l’argot Baille

Ce livre à la belle couverture cartonnée de bleu, est un complot. Tous les illustrateurs jusqu’au préfacier, sont d’anciens bordaches. Une exception toutefois, l’avant-propos est signé par un professeur des universités. Nous pourrions considérer que Jean Pruvost sert de caution dans ce club maritime, si nous n’ignorions qu’en réalité, il était membre du jury de thèse de Joseph de Miribel alias « Jeumeu » qui le consacra docteur en Sciences du langage.

Évoquer devant un marin, toutes catégories ou grades confondus, le terme argot-Baille, on peut être assuré qu’il dressera l’oreille. S’il n’a jamais été confronté à l’humeur de la « Veuve », il sait déjà qu’il s’agit du surnom traditionnel du commandant en second de l’École navale. Mais connaît-il l’origine de cette appellation ? Joseph de Miribel, s’il n’apporte pas de réponse précise à cette origine, examine, en bon linguiste, avec précision et un brin d’humour retenu, toutes les histoires colportées autour de la « Veuve ».

Le projet de compléter le Coindreau [L’École navale et ses traditions. L’argot-Baille (1957)] était ambitieux et risquait de ranger cette nouvelle édition dans la catégorie des ouvrages anecdotiques qui se sont inspirés de l’histoire de l’École et de son vocabulaire particulier. On en compte tout de même une douzaine. Sans compter les autres ouvrages plus généraux dans lesquels apparaissent des argots propres à certaines spécialités. La langue maritime, riche et abondante, repose sur des traditions dont les origines ne sont pas toujours connues. Comme le souligne l’auteur, l’argot a enfin été pris en considération en 1986, lorsqu’a été créé à la Sorbonne, un Centre d’argotologie. « En linguistique, l’argotologie doit rester neutre, c’est-à-dire non normatif », dit un spécialiste.

Et Joseph de Miribel de constater que l’argot-Baille est « économique, ludique, cryptique et identitaire », les deux derniers critères formant un binôme. Le lecteur marin ou non se promènera sans doute parmi les 1780 entrées constituant le lexique de cet ouvrage. Nous avons bien dit 1780 entrées ! L’auteur est allé à la pêche dans des documents peu connus comme des albums de promotion, des apériodiques-Baille, comme Lève-Rames, Le P’tit Co-Baille ou Fun Borda, sans oublier les ouvrages sur l’École navale proprement dite, les romans, etc.

Grâce à cette étude, l’histoire de la Baille surgit grâce à ces mots oubliés ou encore employés par les bordaches nouveaux et anciens. Ceux-là estimeront ils ce dictionnaire « lovard » ou « peaufin » ?

CF(Rc) Bertrand GALIMARD FLAVIGNY
16/03/2018

 

DICTIONNAIRE DE L’ARGOT-BAILLE
Joseph de Miribel,
Naturalia Publications

Voir aussi la recension du CV(R) Max-Pierre MOULIN

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