Merveilleux ouvrage, magnifiquement illustré des photos de Nigel Pert et aussi des dessins de Jens Langert. Il retrace, non pas l’aventure complète de la « nouvelle » Hermione, commencée une dizaine d’années auparavant, mais son aboutissement : le voyage aux Amériques de 2015 sur les traces de celui de LatoucheTréville de 1780, avec, à son bord, le jeune marquis de Lafayette venu prêter main forte aux « insurgents » contre l’Angleterre, notre ennemi héréditaire….Même si cette aide devait s’avérer funeste à la royauté française par la combinaison de l’augmentation de la dette nationale et donc des impôts et de la diffusion des idées révolutionnaires.

Depuis l’appareillage de l’île d’Aix, le 15 avril, au retour à Brest, le 7 août 2015, le voyage de la nouvelle Hermione suit à peu près le parcours de sa glorieuse ancêtre qui, lui, dura 2 années complètes puisque la frégate, une fois La Fayette et sa suite débarqués, rejoignit l’escadre française combattant la Royal Navy dans les eaux américaines avant de rentrer en France. L’autre différence est le pavillon que chacun des deux navires arborait, la première Hermione, jusqu’à son échouage final en Bretagne, en 1792, n’ayant jamais arboré les trois couleurs, pas encore officialisées à l’époque, mais seulement le pavillon blanc royal. Le beau livre des éditions de Monza est partagé en deux parties. Tout d’abord, le journal de bord, écrit à « deux mains », par le capitaine, Yann Cariou et la « gabière », Sandrine Pierrefeu, qui faisait partie des hommes et des femmes d’équipage bénévoles qui se succédèrent depuis Rochefort jusqu’à Brest au cours de ces 4 mois de navigation et d’escales. Chaque auteur de ce journal de bord y donne son point de vue propre, Sandrine y apportant sa touche d’émotions personnelles, Yann Cariou reprend en parallèle de son journal des éléments du journal de bord de son grand ancien, Louis René Magdeleine Levassor de LatoucheTréville. Des douzaines de superbes photos, principalement de Nigel Pert, soulignent la croisière, les escales et la vie à bord.

La deuxième partie reprend le « manuel du gabier », distribué avant l’embarquement à chaque volontaire dont la plupart n’avait guère de notions de navigation et encore moins de la manœuvre à bord d’un trois-mats de la « marine en bois » ! Les dessins explicatifs de Jens Langert, architecte naval suédois, sont d’une précision artistique rappelant les estampes de Hokusai.

Au total, un livre souvenir esthétique d’une belle aventure vécue par cette frégate qui relie les siècles, grâce à un équipage qui, malgré son inexpérience initiale, sut relever un défi a priori invraisemblable. Vaut de faire partie de votre bibliothèque.

C.F. (H) J.M. CHOFFEL
01/05/2016

« L’Hermione, retour aux Amériques ».
Yann Cariou et Sandrine Pierrefeu
Editions de Monza