Christian Slütter, officier de la Marine Impériale allemande, commandant de sous-marin, a été fusillé par les Anglais le 19 janvier 1915 pour félonie, piraterie, homicide, etc…, ayant eu le tort d’obéir à des ordres qu’il réprouvait (cf. La ballade de la mer salée).

Wilhelm Slutter, son neveu, contraint d’entrer à l’Académie navale pour continuer la tradition et laver l’honneur de la famille, commande à son tour un U-Boot. En avril 1945, il est chargé d’évacuer Hitler en Amérique latine. Sa mission  accomplie, il verra son équipage exterminé et son bateau coulé par le comité de réception nazi, qui veut faire disparaître toute trace de l’opération.

Seul survivant, de ce carnage qui lui a coûté le bras gauche, il revient 15 ans plus tard, accompagné de sa fille, pour retrouver des preuves de ce qui s’est passé.

La filiation avec l’œuvre d’Hugo Pratt ne peut donc être plus directe. Lele Vianello, auteur d’Argentina a été l’assistant du Maestro, débordé de travail, face à son succès grandissant en France. Ayant commencé à travailler sur Les Scorpions du désert, puis Corto en Sibérie il accompagna Hugo Pratt jusqu’à la fin de sa vie. Il vole depuis longtemps de ses propres ailes et travaille dans la Lagune, où il réside, à Malamocco, sur le Lido de Venise.

Rien de surprenant donc si les amateurs de Corto Maltese se retrouvent en  terrain plus que familier. Tout y est : images en  noir et blanc, graphisme (et pour cause !), personnages romantiques et jolie créature aux prises avec des situations compliquées. L’issue, on s’en doute bien, ne sera pas simple.

L’histoire est intéressante, quasi plausible. On comprend qu’Hugo Pratt, ait, de son vivant,  encouragé Vianello à prendre cette voie : la réussite était au bout du chemin ; elle se lit avec beaucoup de plaisir.

CF(H) Jean-Paul BILLOT
11/11/2015