Pilote de mer

Le Prix Marine & Océans 2014 catégorie « Livres » a été décerné au CF Philippe Metzger pour Pilote de mer.

Je viens de dévorer : Pilote de mer du CF Philippe Metzger chez Cent Mille Milliards et c’est un roman… enfin!

La couverture, bleu et rouge, comme les couleurs de la Marine Nationale, est assez austère et ne promet vraiment pas de voyage exotique.
Elle cache pourtant un fascinant voyage intérieur, dans l’âme endurcie des marins et dans la vie à mi-parcours, d’un couple sur le retour, en fait de tous les couples.
C’est d’abord une aventure maritime, très eau salée, pleine d’actions violentes qui flirtent avec les grandes catastrophes maritimes médiatisées ou non.
A la faveur des attentes d’un tour de quart dramatique, ce suspens s’entrelace d’une méditation sur la vie de marin (la Baille, le long cours, le pilotage, l’esprit d’équipage, le tour de force modeste) et sur la vie de couple qui en découle. Nous passons de la technique rigoureuse de la navigation professionnelle à la complexité bizarre des marins, pour aboutir à l’intimité la plus nue de l’âme humaine.
Les crises conjugales sont-elles des fortunes de mer ?
La mer tolère le marin comme la mort tolère l’homme, il n’a jamais le dernier mot…

…sauf s’il a fait de sa vie un beau voyage.

Pour les amateurs du genre certains passages évoquent pour moi Nous avions accosté à Guayaquil de Loïc Finaz (La table ronde, 2003).

Côté écriture, jamais d’abus d’un vocabulaire maritime soigneusement maîtrisé ; le dialogue est authentique, percutant, comme la VHF dans le silence tendu de la passerelle.

Metzger nous entraîne à plusieurs reprises dans une valse des mots. Après nous avoir hameçonnés par surprise, il nous fait tourbillonner jusqu’à ce que la tête nous tourne. Attention ! Ne pas dépasser la dose prescrite.

« C’est curieux ce besoin des marins de faire des phrases » fait dire Michel Audiard à Francis Blanche dans Les Tontons Flingueurs.

A l’école des valeurs qui trempent les caractères dans le sel et les burinent aux embruns, ce livre nous propose, avec une humilité sympathique, la maîtrise endurante de notre destin.
Bienheureux ceux qui ont pu apprendre de la mer !
Voilà qui est positivement entraînant et si peu commun de nos jours.

A déguster avec un verre de « verveine écossaise », de douze ans d’âge si possible !

 

CF(R) Luc BRENAC

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