Les Corsaires de Granville

Voici un ouvrage de haute qualité pédagogique, mais sans doute bien exhaustif et bien compact pour qui ne souhaite pas atteindre un savoir parfait sur les corsaires de Granville entre 1688 et 1815.

Quatre cent cinquante pages, articulées en quatre chapitres, chacun bouclé par une conclusion, précédées de remerciements, d’une préface, de sigles et abréviations utilisés, et d’une introduction générale ; suivies d’une conclusion générale, d’une postface, d’un index et d’une table des documents pour un total de cinq cent vingt-sept pages, représentent bien le travail de thèse de cet ouvrage. Le lecteur y trouvera difficilement le souffle épique que le titre pourrait laisser entrevoir. Certes, le sous-titre – Une culture du risque maritime – précise l’ambition démonstrative recherchée.

La première partie de soixante-quatorze pages s’intitule Le port de Granville du XVIIe au début du XIXe et donne une idée précise de la cité, des infrastructures et des activités granvillaises. Cartes et vues d’optiques illustrent la description.

La deuxième partie, de cent quatre pages, est consacrée à L’activité corsaire à Granville au fil de l’histoire.
Les récits des guerres de course sous Louis XIV, sous Louis XV, durant la guerre de l’Indépendance américaine, sous la Révolution et l’Empire, replacent la guerre de course dans la longue histoire de la rivalité maritime viscérale entre la France et l’Angleterre.

Avec ses cent trente-quatre pages, la troisième partie est consacrée à L’armement en course. Dans cette partie, on trouvera la description détaillée des armateurs granvillais, de l’armement corsaire (navire, artillerie) et de l’équipage. De nombreux tableaux, graphiques « camembert », attestent du sérieux de l’étude.

Enfin, la quatrième partie, En mer, sus à l’ennemi ! permet au vent de l’aventure de s’introduire quelque peu dans l’exposé. Les destinées, les risques, la fortune, les récompenses apportent la dimension humaine à ce que fut l’aventure corsaire de Granville. Aventure souvent cruelle, comme furent celles de Saint-Malo ou de Dunkerque, un peu occultée par le charme cossu des « granvillières » ou autres « malouinières ».

C’est donc un travail très sérieux venant d’un thésard, peut-être un peu trop méthodique et structuré, où la recherche stylistique n’est évidemment pas le souci premier de l’auteur, mais qui sera très utile à ceux qui veulent compléter leurs connaissances des corsaires avec celles des Granvillais, seuls corsaires normands.

CF(H) François TESSON

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