Troisième tome des aventures de la belle Shi Xiu, personnage qui au féminin rappelle son homonyme, héros mythique de la littérature chinoise,  brigand au grand cœur, sorte de Robin des bois avant l’heure.

Shi Xiu et son fils adoptif jouent les naufragés dans le but de se faire recueillir par le convoi de navires anglais en route vers la Chine pour une ambassade auprès de l’Empereur. Leur séjour à bord n’est pas fortuit, il s’agit de découvrir les points faibles de ces occidentaux pour mieux les attaquer le moment venu. S’en prendre aux étrangers plutôt qu’aux riches marchands chinois devrait soulager la pression qu’exerce sur les pirates, le pouvoir central.

Ce scénario habilement ficelé par Nicolas Meylaender qui dans une précédente BD a raconté comme personne le sac de Nankin, est superbement illustré par des dessins au trait de grande qualité, d’un jeune graphiste d’origine chinoise, Wu Qing Song. A eux deux, ils nous plongent avec talent dans le XIXème siècle naissant, avec une Angleterre marchande et conquérante et une Chine encore féodale, en proie aux rivalités internes, mise en coupe réglée par brigands et pirates.

Les personnages ont du caractère, les combats sont violents,  les navires et les lieux d’action sont dessinés avec justesse, l’intrigue connaît des rebondissements, on tourne les pages à tout âge, avec entrain et plaisir. Tout y est : le choc des civilisations,  la grandeur des uns, la stupidité des autres, l’amour et jusqu’à  l’opium, annonciateur de ce qui deviendra une guerre quelques décades plus tard.

Les dernières scènes de l’album nous font craindre pour la vie de Shi Xiu mais gageons que dans le prochain tome, un certain docteur Barton ne sera pas étranger aux nouvelles péripéties de l’héroïne dans une Chine impériale en plein déclin…

 C.V. (H) Alain Brière