« Trésor » est, en vérité, le terme qui convient pour désigner ce magnifique album, fruit de l’érudition encyclopédique de Michèle POLAK, muse et providence de tous les amateurs de livres de marine, et du talent du journaliste et romancier Alain DUGRAND. Sous nos yeux émerveillés se déroule un panorama d’une prodigieuse richesse, qui nous fait découvrir ou retrouver les plus beaux fleurons de quatre siècles et demi de littérature maritime. Les choix aussi judicieux qu’éclectiques effectués par les auteurs nous présentent ainsi, à travers quatre-vingt-dix ouvrages particulièrement rares et somptueux, des navigateurs, des géographes, des explorateurs, des cartographes, des naturalistes de toutes nationalités ? français, anglais, espagnols, allemands, néerlandais, et j’en passe. Certains, tels Christophe COLOMB, Samuel de CHAMPLAIN, René DUGUAY-TROUIN, Louis-Antoine de BOUGAINVILLE ou Jean-Baptiste CHARCOT bénéficient d’une notoriété universelle. Beaucoup moins célèbres, en revanche, sont l’évêque suédois Olaus MAGNUS (1490-1557), laudateur du saumon fumé norvégien, Jean-Baptiste LE GENTIL de LA BARBINAIS, premier Français à avoir bouclé le tour du monde en 1714-1717, l’abbé Jean-Baptiste de LA CHAPELLE, inventeur du premier gilet de sauvetage en 1775, ou encore le marin bordelais Joseph KABRIS, devenu prince royal dans l’île de Nuku Hiva à la fin du XVIIIe siècle, sans oublier Louis BOUTAN, auteur des premières photographies sous-marines en 1895..

Pour chacun de ces livres, une notice succincte (parfois un peu trop, mais les exigences éditoriales imposent trop souvent de tels sacrifices) évoque la carrière de son auteur et les circonstances de sa rédaction. Puis suivent (et c’est là, bien sûr, le cœur de l’ouvrage) quelques reproductions de planches ou d’illustrations judicieusement sélectionnées pour leur esthétique ou leur caractère pittoresque (mentionnons, au hasard des pages, les mœurs des Indiens de la Floride par Théodore de BRY, le port de Stockholm en 1768 par Frederick Henrik de CHAPMAN, les embarcations exotiques du futur amiral François Edmond PÂRIS ou les désopilantes aquarelles d’Henri GERVÈSE), complétées par une citation particulièrement caractéristique extraite du texte. A l’intention des spécialistes, une liste exhaustive des œuvres figure à la fin de l’album, avec le titre complet (souvent aussi long qu’alambiqué) et toutes les précisions bibliographiques relatives à la publication de l’édition originale.

Bref, feuilleter cet ouvrage constitue une joie qu’apprécieront non seulement les marins et les spécialistes de l’histoire maritime, mais aussi les bibliophiles et, plus généralement parlant, tous ceux qu’attire la beauté pure et simple d’un livre ou d’une illustration.

CV (H) Philippe HENRAT
Membre du Comité de lecture
Membre de l’Académie de Marine